Les 3 sont des pathologies professionnelles :
Le burn-out est le syndrome d’épuisement professionnel qui résulte d’une surcharge de travail.
Le bore-out est une forme d’épuisement professionnel provoqué par l’ennui et une sous-charge de travail.
Le brown-out, quant à lui, est la forme d’épuisement professionnel provoqué par une perte de sens.
Outre ces définitions succinctes, quelles sont les différences, mais aussi les similitudes, entre ces différentes formes d’épuisement professionnel ?
Afin de mieux pouvoir les distinguer et les repérer, faisons un décryptage.
Ces trois pathologies ont en commun d’être des formes différentes de l’épuisement professionnel.
Pourtant, en français, le syndrome d’épuisement professionnel ne désigne que le burn-out car il s’agit de la première pathologie a avoir été identifiée.
Les deux autres, bore-out et brown-out, tirent leurs noms de la première, afin de souligner l’analogie entre elles.
➤ Le burn-out provient de to burn out : s’éteindre, s’arrêter par manque de carburant, d’énergie,
➤ Le bore-out vient de to bore : ennuyer, auquel on a ajouter le suffixe -out par référence au burn-out,
➤ Le brown-out quant à lui est un emprunt au vocabulaire de l’énergie. En anglais un brown-out désigne le fait de baisser, volontairement ou non, l’intensité électrique afin d’éviter la surchauffe. Le rapport avec la perte de sens réside ici dans la baisse d’énergie et d’engagement que la pathologie du brown-out provoque.
Dans leurs traductions françaises, on précise d’ailleurs l’origine de l’épuisement : par l’ennui ou par la perte de sens. Ainsi, si l’on voulait être extrêmement exact, il faudrait désigner le burn-out non pas comme le syndrome d’épuisement professionnel mais comme le syndrome d’épuisement professionnel par surcharge de travail.
Le burn-out, ou syndrome de l’épuisement professionnel :
La première de ces pathologies a avoir été identifiée, et la mieux connue, est le burn-out. Il se définit comme un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. »
Les origines du burn-out Le burn-out est conceptualisé pour la première fois en 1975 par le psychiatre américain Freudenberger pour décrire l’épuisement au travail des professionnels de l’aide et du soin. Les travaux de la psychologue Christina Maslach ont permis de concevoir le burn-out comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :
l’épuisement émotionnel
le cynisme vis-à-vis du travail ou dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence)
la diminution de l’accomplissement au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle
Les symptômes du burn-out Phénomène malheureusement incontournable du monde du travail, le burn-out a été très étudié et on en connaît aujourd’hui bien les manifestations. La Haute Autorité de Santé établit la liste suivante : - Manifestations émotionnelles Anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion - Manifestations Cognitives Troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives - Manifestations comportementales ou interpersonnelles Désengagement progressif, baisse de la motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail, doutes sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation) - Manifestations Physiques non spécifiques Asthénie (fatigue anormale), troubles du sommeil, TMS (lombalgies, cervicalgies, etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux
NB : Il est à noter que ces manifestations ne sont pas propres au burnout. Elles peuvent aussi caractériser une exposition prolongée à plusieurs facteurs de RPS et s’apparentent pour certaines d’entre elles aux symptômes de stress chronique (stress au travail, addiction au travail, fatigue chronique, dépression).
Le burn-out n’est pas une catégorie propre des maladies psychiatriques mais une spirale dangereuse susceptible de conduire au basculement dans la maladie – dépression ou maladie somatique – et à la désinsertion sur le plan professionnel, social et familial. Selon les classifications médicales, le burn-out ne se caractérise pas par un diagnostic clinique unique et précis, faisant état à la fois de symptômes et de causes bien établis, d’où le fait que l’on parle de syndrome. Le burn-out ne doit pas être confondu avec la dépression ou encore avec le workaholism, l’addiction au travail. Toutefois, ces différents concepts ne sont pas antinomiques et peuvent participer l’un de l’autre.
Le syndrome d’épuisement professionnel se traduit donc à la fois par une érosion de l’engagement (en réaction à l’épuisement), une érosion des sentiments (à mesure que le cynisme s’installe) et une érosion de l’adéquation entre le poste et le travailleur (vécue comme une crise personnelle). Dans les cas les plus extrêmes, le travailleur peut se trouver dans un état physique et psychique tel qu’il ne peut pas poursuivre son activité de travail; ce qui peut être vécu comme une rupture, un écroulement soudain, alors que des signes avant-coureurs pouvaient le laisser présager.
Le bore-out, ou l’épuisement professionnel par l’ennui Le bore-out est une forme d’épuisement professionnel résultant d’un ennui chronique et caractérisé par :
un vécu négatif
un manque de stimulation
une sous-charge de travail
La différence entre bore-out et ennui professionnel D’emblée, il faut distinguer l’ennui professionnel du bore-out et comprendre que ces deux termes ne sont pas dans une relation d’équivalence mais de conséquence.
L’ennui est un risque psychosocial dont les facteurs peuvent être le manque de stimulation ou une sous-charge de travail.
Le bore-out est une conséquence de ce risque psychosocial.
Ainsi le premier peut mener au second s’il est trop fréquent et/ou intense, mais ressentir de l’ennui au travail ne signifie pas que vous êtes systématiquement en bore-out.
L’historique du bore-out Plus récent, le terme en lui même apparaît au milieu des années 2000 sous la plumes de deux consultants suisses (Rothlin et Werder) afin de nommer une situation d’ennui dans un contexte professionnel qui, dans une phase extrême, peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être des salariés (turnover, dépression accidents, désengagement, etc.) La définition se précise en 2015 et le bore-out se définit alors comme « un état psychologique négatif de faible enthousiasme qui se manifeste sous trois formes : une crise de sens au travail, l’ennui au travail et une crise de croissance » (ou, autrement dit, une faible capacité à évoluer professionnellement) (Stock).
Les variables reliées au bore-out Ces dernières années, plusieurs études ont permis de mieux comprendre les variables dont est composé le bore-out. À la fois causes et conséquences de ce dernier, voici la liste des symptômes d’un possible bore-out :
L’existence de tensions professionnelles
la réduction des performances
l’absentéisme
La diminution de l’estime de soi, le sentiment de honte et de culpabilité
l’augmentation du stress et de la dépression
la réduction de la prise en compte des besoins des clients
la réduction des initiatives
la réduction de la satisfaction au travail
Le brown-out, ou l’épuisement professionnel par la perte de sens Le brown-out est la forme d’épuisement professionnel résultant d’une perte de sens au travail. Cette perte de sens est ici le RPS clef qui mène à cette pathologie : elle peut en effet aussi se rencontrer dans le bore-out mais, dans le cas de ce dernier, l’ennui demeure le risque principal. À la différence du burn-out et du bore-out, le travailleur souffrant de brown-out reste fonctionnel et son mal-être peut être plus difficile à discerner car il participe d’une démission avant tout mentale.
Les bullshits jobs et les origines du brown-out Concept plus récent que les autres, l’idée de brown-out a émergé suite aux travaux de l’anthropologue et professeur à la London School of Economics David Graebler qui a défini la notion de « bullshit jobs » que le français traduit de manière familière par « métiers à la con ». La théorie de Graebler est que le capitalisme, au lieu d’aboutir à une baisse progressive du temps de travail grâce à la mécanisation et le progrès technique, donne au contraire naissance à une multitude de bullshit jobs, vides de sens, pour occuper les masses.
Les caractéristiques du brown-out Parmi les symptômes du brown-out, on retrouve :
un sentiment d’absurdité et d’inutilité du travail à réaliser
une remise en question professionnelle et personnelle, souvent accompagnée d’une crise existentielle
une démotivation progressive et un sentiment de lassitude
une perte d’attention lors de la réalisation des tâches
une dégradation des relations professionnelles : repli sur soi, perte du sens de l’humour, cynisme, etc.
une diminution de l’estime de soi
une forte anxiété
Parmi les populations à risque identifiées, on retrouve les personnes possédant un certain niveau d’études et dont le travail ne sollicite pas ou peu les compétences et connaissances.
La question des valeurs Lorsque la question du sens est impliqué, la question des valeurs est incontournable. Les valeurs proviennent de multiples sources; d'abord de l'influence de nos parents, nos familles, puis de nos éducateurs, de la religion, du contexte social et de nombreux systèmes établis par les humains qui gèrent notre monde. Un système de valeurs représente l'ensemble de nos croyances et de nos certitudes et détermine nos attitudes, nos choix, nos actions (dont fait partie le travail). Définir ses valeurs n’est pas toujours chose aisée. Bien souvent, on en prend conscience lorsque notre environnement nous confronte à une situation qui heurte nos valeurs fondamentales, ce qui se traduit par un malaise immédiat.
Il est impératif de réviser périodiquement notre système de valeurs en tenant compte de nos besoins actuels, de nos goûts, de nos limites car nous évoluons sans cesse. Identifier ses valeurs et besoins est essentiel, que ce soit pour se prémunir d’un brown-out ou pour s’en sortir.
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Des syndromes parfois difficile à démêler Burn-out, bore-out et brown-out partagent certaines manifestations, et il peut être difficile de savoir de quoi elles sont le signe. Par exemple, l’anxiété, la démotivation, le désengagement, la perte de sens peuvent être impliquées dans les trois syndromes. Pour faire la distinction, il est donc capital de se baser sur un faisceau d’indices. De même, il est important de garder à l’esprit la différence entre facteurs de Risques PyschoSociaux, RPS et conséquences de RPS. Pour ne prendre que les manifestations les plus saillantes, être stressé, s’ennuyer ou traverser une crise de sens ne veut pas dire que vous êtes en burn-out, bore-out ou brown-out, mais cela peut y contribuer. Il convient alors de demeurer vigilant, de s’informer et de se former sur ces sujets afin de pouvoir s’en prémunir au mieux !
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